A la rencontre des travaux issus de la recherche scientifique et de la pratique des professionnels dans le domaine des savoirs de l’information-documentation, un chantier est ouvert sur la mise en œuvre d’un enseignement-apprentissage répondant aux enjeux de l’acquisition d’une culture de l’information par les élèves, personnes et citoyens en devenir.
Dans ce contexte, le curriculum en information-documentation se veut une alternative pertinente, en réponse à la construction des programmes engagée par la loi de Refondation de l’École. Il porte une réflexion globale et cohérente sur les objectifs établis dans la « Charte des programmes », adoptée par le Conseil supérieur des programmes (CSP) en avril 2014 : caractère inclusif de l’école, missions d’instruction et d’éducation, rôle du savoir dans la recherche de la vérité et dans la capacité des élèves à se repérer dans la complexité du monde. Ces objectifs généraux sont, par ailleurs, à replacer dans l’émergence et la généralisation des écosystèmes numériques, qui opèrent des transformations essentielles en matière de production, de conservation et de diffusion des savoirs.
Ces écosystèmes numériques contemporains engagent une lecture nouvelle des enjeux éducatifs et sociocognitifs. L’acquisition du savoir a amplifié l’importance des compétences relatives à la connaissance, à la mémoire ou aux mémoires, à l’art du filtrage, à l’intelligence collective ou encore à la créativité. L’usage et l’étude des dispositifs ad hoc supposent une double approche logistique et sémiotique. De fait, ces transformations questionnent la pertinence des modèles d’enseignement existants pour concrétiser l’acculturation informationnelle et médiatique des élèves.
A la convergence des littératies informationnelle, médiatique, informatique et/ou numérique, les professeurs documentalistes sont présentés, dans la loi de Refondation, comme devant être « particulièrement concernés et impliqués dans les apprentissages liés au numérique ». Cela suppose une réflexion de fond sur les liens entre "apprentissages liés aux numériques" et apprentissages informationnels, et plus largement, sur la nature épistémologique des savoirs de l’information-documentation. Avec, à la clé, la construction didactique et la formalisation curriculaire de ces savoirs. Ce qui s’avère d’autant plus complexe que les concepts adjacents sont en cours de stabilisation (la culture de l’information, la culture informationnelle), ou émergent (la culture numérique, la translittératie). L’Éducation aux médias et à l’information (EMI), en sa qualité de prescription scolaire, est en la matière symptomatique de la richesse des débats qui sont à mener.
Cette construction interroge la reconnaissance des savoirs profanes et des pratiques non-formelles en information-documentation des élèves, dans la mesure où ceux-ci entrent en interaction avec la pratique des enseignants. Ces conditions de l’acquisition du savoir et-ou de la connaissance, supposent de devoir penser une didactique en information-documentation, inclusive et structurante. Cela suppose, par ailleurs, qu’entre savoirs scolaires et représentations des élèves, cette construction mette en œuvre des démarches pédagogiques plurielles et originales : expositive, interrogative et active, ou qui restent à inventer selon une approche en information-documentation. Un questionnement global sur la concrétisation d’un enseignement-apprentissage de l’information-documentation, ainsi que sur les formes de médiations documentaires, est donc à ouvrir. Que signifie aujourd’hui "être compétent", au-delà d’une dialectique du savoir-penser savoir-agir, dans la résolution d’un problème ou d’une tâche complexe de type informationnel ?
Cela suppose enfin que soient abordées la légitimation et la formalisation de ce curriculum, que l’on envisage la progression des apprentissages, le volume horaire, le format de séquence, l’articulation disciplinaire et bien sûr l’évaluation, en considération du rôle que pourrait y assumer le professeur documentaliste. Cette réflexion est d’autant plus importante qu’un équilibre doit être trouvé entre les prescriptions institutionnelles et leur appropriation, dans les établissements scolaires, par les professionnels.
De nombreuses questions, situées au carrefour des Sciences de l’information et de la communication (SIC) et des Sciences de l’éducation, seront débattues au cours des trois journées de ce Congrès, auquel il vous est proposé de contribuer selon les axes suivants :